CONVOCATION 24 NOVEMBRE 2013: Contre l’impunité!
Contre l’impunité!
Pour l’abolition de l’immunité des membres des missions de paix de l’ONU!
Déclenchant la campagne globale du Réseau international des Femmes en Noir au 13e anniversaire de la Résolution 1325 de l’ONU «Femmes, Paix et Sécurité»
Le 31 octobre 2000, le Conseil de sécurité (SC) de l’ONU a passé la Résolution 1325 (R1325), «Femmes, Paix et Sécurité». C’était la première fois que le Conseil de sécurité de l’ONU faisait appel à l’inclusion de femmes dans des processus de paix et dans la mise en œuvre d’accords de paix. Du moins, telles étaient les idées derrière la R1325, pour laquelle beaucoup de militantes pour la paix dans le monde entier ont travaillé inlassablement.
La R1325 se focalise sur quatre points majeurs : (1) la participation des femmes dans les processus de paix et la prise de décision sur la paix. (2) L’incorporation du genre dans les processus de paix et la formation en perspective du genre dans ce qu’on appelle « les missions de maintien de la paix ». (3) La protection des femmes dans les conflits armés et les situations post-conflits. (4) L’incorporation de la perspective de genre dans les rapports de l’ONU et dans les mécanismes utilisés dans la mise en œuvre des accords de paix.
Néanmoins, la mise en œuvre de la R1325 est loin de rencontrer les attentes. Un grand nombre de militantes féministes antimilitaristes et des experts régionaux et mondiaux en sécurité, dont nous partageons le point de vue, insistent sur le fait que le problème n’est pas simplement l’application de la R1325, mais que le problème lui-même est le caractère militaire de la résolution.
1. Le caractère patriarcal et militariste de la Résolution 1325 est reflété par le fait qu’elle traite presque exclusivement du thème de la guerre et de conflits militaires comme un état de fait permanent, naturel et inévitable, ce qui est en contradiction avec le rôle de l’ONU de maintenir la paix et la sécurité dans le monde. Nous croyons qu’avec cette Résolution, l’ONU tente d’idéaliser la guerre comme le seul remède à des conflits et en même temps lui attribuer le rôle d’alternative pour la résolution de conflits et de guerres. C’est pourquoi nous continuerons à lutter pour la démilitarisation de la R1325. Nous maintenons que la guerre et le militarisme qu’elle génère sont les principaux ennemis de la société civile, des femmes et des enfants, avec le résultat que la guerre sera toujours leur principal ennemi.
2. La Résolution 1325 présente la militarisation du féminisme et des revendications féministes en introduisant la perspective de genre de cette manière-ci : une plus grande participation de femmes dans le secteur de la sécurité et des structures militaristes réduit les revendications d’accès égal au pouvoir uniquement à la participation de femmes dans des structures patriarcales autoritaires du pouvoir de l’armée et la conception militariste de la sécurité, alors que la préoccupation la plus importante des femmes, la sécurité humaine, n’a qu’une importance secondaire dans la R1325. La sécurité humaine va au-delà de l’intervention militaire. Comme l’ONU le reconnaît lui-même, quand on parle de sécurité, on doit parler aussi de sécurité alimentaire, environnementale, communautaire, économique, etc. Dans les environnements de la famille et du travail, les femmes vivent aussi une existence conditionnée par la violence exercée sur elles. Une femme est tuée ou maltraitée pour ne pas réaliser les résultats qu’on attend d’elles. Alors que les gouvernements considèrent que cette sorte de violence relève de la sphère privée, elle sera toujours présente dans nos sociétés. La sécurité est l’absence de violence contre les femmes, l’égalité d’accès au pouvoir (politique, économique et social). La lutte contre les violences envers les femmes doit être incorporée dans les stratégies nationales de sécurité.
3. L’esprit colonial et hégémonique : la R1325 est surtout appliquée dans les pays pauvres du sud dans des zones de post-conflit, dans les pays dits de transition. Même pas tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont adopté des plans d’action nationaux pour la mise en œuvre de la R1325. Cette Résolution intéresse de plus en plus des états ou des ONGs élites, qui sont loin des principaux secteurs de la population, spécialement des femmes. C’est pourquoi la R1325 a un impact très limité sur la situation des femmes pauvres et la punition de la violence et des crimes. Basé sur des rapports compilés pendant les dix ans d’existence de la R1325, il apparaît que peu de progrès ont été réalisés dans la réduction du nombre de délits sexuels dans les zones de guerre. Après un cessez-le-feu dans une guerre, l’ONU envoie ses Bérets bleus, des armées humanitaires, dans les zones de conflit. Au lieu de protéger les femmes, dans beaucoup de parties du monde, ces forces abusent sexuellement des femmes et des jeunes filles, profitant de la prostitution à laquelle elles se sentent condamnées par la pauvreté extrême dans laquelle elles vivent, ou en profitant d’esclaves sexuelles féminines, retenues de force par des mafias qui les exploitent, les violant parfois, ce que les femmes n’osent dénoncer que dans de rares occasions, des viols qui restent impunis à cause de la protection accordée aux soldats.
Lors du XVIe colloque international des Femmes en Noir à Montevideo Uruguay, tenu entre le 19 et le 24 août 2013, on a décidé que les Femmes en Noir, comme mouvement féministe international antimilitariste, commencerait une action globale pour l’abolition de l’immunité des membres des « missions de paix » de l’ONU, les dits « Bérets bleus ».
Rappelant le 13e anniversaire de la Résolution 1325, le 30 octobre dernier, et le 25 novembre, la Journée internationale de la violence contre les femmes, nous commençons avec la campagne de mobilisation mondiale, afin de :
♀ Abolir l’immunité des membres des missions de la paix de l’ONU, ainsi que de sanctionner des délits sexuels et autres, mettant fin à l’impunité.
Nous continuerons notre lutte pour la démilitarisation et contre la guerre au moyen de la non-violence. Nous considérons que toutes les guerres sont illégales et illégitimes et sont un fardeau pour l’écosystème. Nous continuerons à exercer des pressions en désignant les dépenses militaires au lieu des les consacrer à l’éducation, la santé, la culture, la coopération et la sécurité des femmes.
C’est de cette manière que nous commençons une campagne globale pour abolir l’immunité des missions de la paix. Comme partie de la campagne, nous exercerons de multiples activités – à décider.
25 de noviembre 2013
Traductions: Edith Rubinstein
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